sexta-feira, 18 de março de 2011


"J’oublie toujours le début du film. J’oublie que le vrai père a été assassiné. Je confonds l’assassin du père avec le père. Je ne suis pas seule dans ce cas. Beaucoup de gens m’ont dit faire la même erreur, comme si ce père n’avait de réalité que du moment qu’il a été tué et que ce soit de celui qui lui a donné cette mort de la vie duquel il participe plus encore que de la sienne propre. Dans la Nuit du chasseur je ne vois pas la vie créée, je vois la mort créée. Je ne vois pas le père avant sa consécration par le meurtre opéré sur sa personne. J’ai vu quatre fois le film et je fais toujours cette erreur. Je n’arrive pas à voir le père vivant. Après qu’il a été tué, je vois, à sa place, le criminel. Sa place occupée par lui. C’est sur cette erreur que j’ai toujours vu et construit le film de Charles Laughton.
Je vois la mère atteinte de la même inexistence que le père, et, comme lui, tuée. Mais là, je la vois tuée par lui à force d'enfantements et de corvées, de misères. Je la vois comme non avenue. Je vois le début du film truqué et que Charles Laughton n'a pas osé faire du père, directement, le criminel de ses enfants. Je le fais pour lui, à sa place. Je dis: le criminel est le père, et c'est de cette boucherie, de ce massacre que je vois naître et sortir les enfants comme d'un corps et d'en partir comme d'un pays natal. Ici, un jour, le détachement s'accomplira. Ce qui prend vingt ans prendra trois ans: le détachement de la mère."



http://theballoonatic.blogspot.com/2011/03/la-confluence.html


... a ler com o texto do Douchet sobre Bigger than life.


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