quarta-feira, 21 de julho de 2010




"(...) A la plénitude du découpage réaliste, qui comble le vide, s’oppose la discontinuité du montage moderne, qui produit du vide. Le montage ainsi détourné de sa fonction discursive ne se limite plus à l’entrechoc des images ; il faut l’entendre au sens plus large de composition, d’organisation d’ensembles ordonnés, où la rencontre des images (le montage dans son sens technique) n’est qu’une procédure parmi d’autres. Le montage-composition est un projet global, synthétique.

Ainsi la conception moderne du montage permet de définir rétrospectivement l’art du cinéma comme une organisation d’occurrences, de rencontres. C’est peut-être la plus importante leçon des modernes, que de nous apprendre à percevoir le cinéma, l’art du cinéma, au-delà de tout système esthétique ; qui regarde leurs films comprend ce qui a toujours fait l’art du cinéma. Cet apprentissage du regard est possible parce que les modernes délivrent le cinéma de l’objet : en ce sens, le cinéma moderne peut être dit non-figuratif - ce qu’on n’entendra pas dans son sens plastique (puisque ce ne sont pas les images qui font le cinéma). On pourrait d’ailleurs aussi bien le dire, selon une autre métaphore, atonal. La modernité met en évidence, dans cette déposition de l’objet, que ce qui importe à la pensée n’est pas l’objet, mais l’opération : l’art non-figuratif présente ses opérations, le cinéma non-figuratif se présente comme montage, ie comme composition de rencontres.

Ainsi, si le cinéma réaliste incarnait l’idée dans les choses, si le néo-réalisme cherchait l’idée à travers les choses, la poétique du cinéma moderne, qui ne voit aucune plénitude, mais le vide qu’il y a entre les idées et les choses, et entre les choses elles-mêmes, divise les choses pour les élever aux idées. "

"One is no longer interested in objects, but in what lies between the objects and becomes an object in its turn."

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